Nancy John, de la Berliner Stadtreinigung, adore conduire l'Econic.

Pourquoi ? 

Parce que ce n'est pas si simple de devenir éboueuse. Il faut d'abord passer un test de condition physique. Par exemple, il faut atteindre un certain nombre de pas sur un elliptique, soulever des poids, franchir des parcours types, monter et descendre des escaliers, déplacer des bacs lourds, les tirer sur des pavés, etc. Tout ça dans un temps limité. Et la plupart des gens échouent à ce test.

À quoi ressemble votre quotidien en tant que « femme en orange » ? À quelle heure vous levez-vous le matin ? 

Le service commence officiellement à 5h30. En ce moment, nos tournées se font à Berlin-Marienfelde, et notre dépôt est situé dans la Gradestraße à Neukölln. Moi, je viens de Hohenschönhausen. Il me faut au moins une demi-heure en voiture, et le retour prend souvent le double à cause des embouteillages. Du coup, je me lève à 3h30.

Pfiou. Et deux heures plus tard, vous êtes sur la route ? 

Pas tout à fait. D'abord, à la Gradestraße, on reçoit notre tournée du jour avec les adresses de collecte, et les clés qui permettent d'ouvrir les portails et les locaux à poubelles. À 5h45, on va chercher les camions. Mais on ne peut commencer à les charger qu'à partir de 6h, parce qu'avant c'est le repos nocturne. Une fois la dernière tournée terminée, on ramène le camion à sa place, on rend nos papiers, et on s'occupe des dernières tâches. S'il y a eu des problèmes — comme des rues bloquées, des bacs cassés ou débordants — on les signale. Et à 13h30, la journée est finie. 

Econic : une solution adaptée à la circulation en ville à Berlin.

Entre-temps, il se passe pas mal de choses. Juste pour donner un ordre d'idée : Combien de numéros de maison vous et vos collègues visitez par jour ?  

Nous ne comptons pas en numéros de maison, mais en points de collecte. Une grande poubelle noire, comme on les connaît, compte pour un point ; une plus petite vaut un demi-point. On fait plusieurs tournées dans la journée. Quand le camion est plein, direction l'usine d'incinération de Ruhleben, à Spandau. Le lundi est ma journée la plus intense, on fait trois tournées avec environ 300 points de collecte. C'est difficile à dire précisément, mais on atteint sûrement en moyenne 150 adresses. Le vendredi, c'est plus tranquille : on n'a qu'une tournée. Le reste de la journée est notamment consacré à l'entretien des véhicules. On va au lavage à Neukölln et on nettoie les caisses au Kärcher, ce genre de choses.

Les véhicules que vous nettoyez sont des Mercedes-Benz Econic. Et vous, les « femmes en orange », vous ne faites pas que nettoyer, vous êtes aussi au volant, n'est-ce pas ? 

Oui, tout à fait. J'ai passé mon permis poids lourd récemment et depuis, je conduis moi-même. Pour l'instant, je suis conductrice remplaçante, en quelque sorte une intérimaire, mais je postule maintenant pour un cdi comme conductrice. 

Et que pensez-vous de l'Econic ? 

J'adore conduire ce truc dans les rues. Et les gens sont souvent très étonnés quand ils voient une femme au volant. En fait, c'est le premier camion que j'ai jamais conduit, à part celui de l'auto-école. C'était aussi un véhicule Mercedes-Benz, mais il n'avait pas d'essieux directeurs, contrairement à ceux utilisés pour la collecte des déchets aujourd'hui. 

N'est-ce pas trop difficile au début, dans des rues pleines ?  

Au début, il faut bien sûr s'exercer, mais beaucoup dépend aussi de la façon dont on connaît ses tournées. Un bon binôme, ça vaut de l'or : quelqu'un qui peut te guider, ça aide beaucoup. Je compte encore là-dessus aujourd'hui, quand je fais une tournée que je ne connais pas. Parfois, on a l'impression qu'il n'y a qu'un mouchoir entre toi et le mur ou la voiture la plus proche. Avec l'Econic, on est aussi bas que dans un utilitaire, et ça aide beaucoup. Surtout avec les cyclistes à Berlin, la circulation en ville est un vrai défi. 

Vision zéro : Londres veut réduire les accidents de la route grâce à l'Econic

Encore une dernière question : Qu'est-ce que vous aimez dans votre métier ? 

Mon métier est un métier avec garantie d'aventure : Dans les rues de Berlin, aucun jour ne se ressemble. On rencontre des gens différents, il faut faire face à de nouvelles situations dans la circulation et s'adapter. Il y a aussi beaucoup de belles choses dehors, et ce que je préfère, c'est quand les yeux des enfants brillent en nous regardant travailler. Ce sont vraiment nos plus grands fans. Ils restent souvent là, figés, à nous regarder jusqu'à ce que l'on reparte. Et certains parents nous suivent même avec leurs enfants sur deux ou trois points de collecte.